Thomas (chant) / Alex (basse): Nous ne pouvons pas savoir si la line-up est définitive. Cependant, c'est la meilleure que nous ayons jamais eue. On a le niveau pour faire presque tout ce qu'on veut. Il n'y a pas ou peu de conflits et nous n'avons jamais été aussi créatifs, en plus, tout le monde semble sur motivé. Alors ça le fait bien en ce moment, mais on peut jamais savoir, disons que ce serait un vrai coup dur si un des membres venait à quitter le groupe.
Déjà, on ne joue plus en premier, c'est loin d'être une fin en soi, mais ça montre que l'on est un poil plus attendu, sinon il n'y a pas de changements au niveau du public : soit les gens se barrent, soit ils restent concentrés jusqu'au bout. Cette situation est plaisante dans les deux cas, après il faut bien dire que maintenant dans chaque ville des gens viennent en nous connaissant, très peu, c'est sûr, mais c'est plutôt cool et bizarre en même temps parce qu'on n'a pas l'habitude.
C'était carrément plus basique : un mélange de death/grind et de hxc new-school. Le seul point commun avec maintenant, c'est que l'on refusait les clichés en matière de construction. Par exemple, un riff ne revenait jamais deux fois dans un morceau, mais bon fallait bien poser des fondations et puis on adorait ça. Très vite, on s'est retrouvés frustrés alors on s'est laissé aller et ça a donné des trucs vachement plus tordus.
Ce n'est pas le cas, mais c'est sûr qu'on a toujours voulu pousser notre truc un peu plus loin, et le style qu'on pratiquait avait quand même rapidement des limites. C'est la découverte de groupes comme Overcast ou King Crimson qui nous a fait comprendre cela.
Depuis la sortie de l'album, c'est vrai qu'il est beaucoup plus simple de trouver des dates, déjà grâce à la promo, mais aussi parce que les labels nous aident de plus en plus. Quand on se démerdait seul, on était feignant et mauvais de ce côté-là, on laissait pas mal les choses venir à nous et puis tourner n'était pas forcément une priorité.
On ne peut vraiment en parler en de tels termes, mais on est en train de préparer une tournée en décembre avec Superstatic Revolution, après Basement (leur label ainsi que celui de Morgue) et Spinning Heads (qui est en autoprod je crois). Maintenant, on ne peut pas vraiment dire qu'on nous sollicite, mais ce genre de projets se réalise au gré des rencontres et des coups de cœur.
Les paroles ne traitent pas directement de choses personnelles et encore moins politique. Pour nous, il est antinomique de se servir de la musique comme d'un moyen de propagande, et on a nos raisons, ce n'est pas gratuit. Mais on respecte le choix des autres, chacun fait de la musique comme il l'entend, on n'est pas là pour juger. Mais ce n'est pas notre façon de concevoir l'art, même si on n'a pas la prétention d'être des artistes, on laisse ça à la StarAc. Sinon l'histoire décrite dans l'album n'est qu'une excuse pour mettre en scène les sentiments des personnages, leurs pulsions, névroses et psychologies. Et à un degré plus éloigné de mettre en avant certaines idées qui ne sont ni d'ordre politique, ni d'ordre social ou je ne sais quoi. C'est plutôt une certaine vision de l'art, de la vie en soi et de leurs rapports.
Alex : Je pense que mettre en avant des idées politiques et écrire en quelque sorte des textes « engagés » reste un exercice assez difficile qui n'est pas permis à tout le monde. L'engagement ne se limite pas au simple fait de protester ou de montrer du doigt les injustices de ce monde. La crédibilité d'un discours passe par une certaine connaissance et une culture que tout le monde ne possède pas. En ce qui nous concerne, l'engagement ne nous semblait pas une partie intégrante de notre musique et nous n'avions pas envie de mener un discours que nous n'étions pas sûr de maîtriser.
Thomas: Et puis a priori l'art n'a rien à faire avec la politique. Depuis des siècles, la chanson a été utilisée comme instrument de propagande, mais ce n'est pas de l'art, c'est plus de l'artisanat. Puisque l'art (et donc parfois la musique) est la représentation du beau en soi et sous sa définition première, donc pour être tel quel, aucun autre objet ne doit venir l'encombrer sinon cette recherche de la beauté absolue est bien sur chimérique. C'est ce qui peut rendre la musique intéressante. Pour ce qui est de la politisation, ce n'est donc qu'une question de motivation et de conception, mais ce n'est pas la nôtre. En plus de ce qu'on voit dans les textes de groupes engagés, il n'y a presque jamais rien d'intéressant après un énoncé de vérités générales qui ne convertit personne puisque si tu dis à un raciste qu'il est con parce qu'il est raciste, il ne va pas te dire oui, ce sera toi le con. Et ça sert à rien de dire que t'es contre le sida, si tu vois ce que je veux dire... en plus c'est forcément donneur de leçons, y a un rapport de force genre, j'ai quelque chose à t'apprendre, je détiens la vérité ce que l'on ne veut surtout pas. Mais bon chacun son délire, lol.
On nous pose assez souvent cette question. À vrai dire ça fait assez longtemps que ça nous brûle de le faire et ça y est, on s'y met doucement, on a déjà les idées, il ne reste plus qu'à mettre en forme. Le plus dur quoi ! Par contre, ce sera sûrement compliqué au niveau moyens et logistique pour s'en servir sur scène. On commencera d'abord par une vidéo support pour l'un des morceaux, avec une seconde version ou ce sera au contraire des passages de Comity qui serviront la vidéo. Bien sûr, si on en a les moyens, on diffusera en boucle ces images sur scène ou on trouvera un autre moyen d'expression comme la peinture en live.
Ce sera un travail sur les pulsions conscientes d'un coté et leurs interprétations inconscientes de l'autre donc y aura forcément 2 ou 3 images chocs, mais ce n'est pas du tout notre but. Ce ne sera pas abstrait puisqu'il y aura une histoire et un jeu d'acteurs.
C'est lui qui a peint la pochette du split avec XII, notre précédente production. En fait, c'est un mec plutôt simple qui était dans le lycée de notre gratteux, il travaille presque uniquement sur ce thème de l'imperfection, de la destruction mathématique. Nous, on voit en le damier une métaphore qui symbolise la musique, pour simplifier : ça représente une infinité de possibilités en un espace défini et parfait (trente-deux cases par trente-deux cases). Mais comme la perfection est illusoire le damier est déstructuré, c'est une petite référence au joueur d'échec de Zweig.
CS.U.M. est une asso composée d'une vingtaine de groupes, surtout active dans les Yvelines et la région parisienne qui organise de nombreux concerts. C'est aussi un local de répète. On peut y enregistrer, proposer des projets ; une double compile est d’ailleurs sortie. Elle regroupe tous les groupes de l'asso, de l'orchestre classique au death en passant par le rap, avec deux titres inédits de comity. Le groupe en soi n'est pas engagé dans le fonctionnement de l'asso donc ce n'est pas une activité en plus à proprement parler.
Il y en a tellement qu'il serait difficile de choisir... Sans doute AS THE SUN SETS, s'ils se reforment un jour...
...DAUGHTERS...ou TODAY IS THE TODAY
Tout cela dépend de l'ampleur et de ce que l'on veut en faire. Dès l'instant où l'on décide de s'investir dans un projet quel qu'il soit, on rencontre forcément des difficultés, notamment financière. À notre échelle, la gestion d'une si petite structure n'est pas vraiment difficile, cela prend juste du temps et demande un peu d'organisation…. Pour ce qui est du financement, un apport personnel a été nécessaire au départ, le but étant de pérenniser l'activité via l'auto financement et les retombées des productions précédentes.
On continue la promo et le tour de COMITY ainsi que celui de 8NOP8. On commence à réfléchir à une prochaine prod pour 2004, mais rien de fixé pour l'instant. On a composé deux morceaux liés l'un à l'autre, terminés depuis peu. Ils se retrouveront sur un split 7" avec Judoboy. Un split avec Fate est également en préparation. Ce sera un peu spécial puisque les deux groupes joueront ensemble à 4 guitares, 2 basses, 2 batteries et 4 chants, on va tout composé ensemble, ça risque d'être très compliqué parce qu'on ne veut surtout pas faire un truc bateau, mais on prendra le temps de le faire, c'est certain. Et puis on a aussi de la vidéo en préparation, seulement plus tard, on commencera à se pencher sur un nouvel album, certainement pas avant début 2004.
On ne se pose pas ce genre de questions, les choses se font naturellement. Par exemple, sur les deux nouveaux morceaux, l'un est totalement relâché et clair du début à la fin, sans coupure radicale ni tension, c'est très inhabituel pour nous. Par contre le second est plus dans la veine de l'album, avec la marge de progression en plus et il s'oppose radicalement à l'autre puisqu'il n'explose pas avant la fin et est beaucoup plus frustrant et tendu, plus radical dans la forme aussi. On a volontairement opposé ces morceaux, il y a donc eu un choix délibéré dans la composition et ça aussi, c'est assez neuf pour nous.
Ça s'appellera Andy wahrol sucks (2 points of view) et traitera de notre philosophie de l'art à travers une histoire et les sentiments des personnages qui y prennent place, mais aussi directement des contradictions entre nos idées et le groupe. C'est écrit de la même façon que l'album et le split et ce sera donc encore une fois travaillé de façon conceptuelle, ça devient une vraie habitude, mais on n'est pas encore lassés, ça nous parait encore excitant.
Bah il faudra lire les textes, mais la base du truc est simple : Andy Warhol est le premier à avoir dit que l'art était populaire, accessible a tous, et que tout le monde est potentiellement un artiste. Ce n'est peut-être pas faux en soi, mais ça se discute, ce mec est un peu l'allégorie du fait que Britney Spears chante et qu'une chiotte à l'envers soit une œuvre d'art. Il est le symbole de la mort de l'art quoi, parce que d'un côté, c'est une ouverture populaire à un certain élitisme, mais le problème est que ce n'est pas le niveau des gens qui a augmenté, mais celui de l'art qui a baissé et c'est dommage c'était une belle tentative. Et puis le pire, c'est qu'il ne croyait pas à ce qu'il disait, c'était de l'auto-justification et un moyen de se faire du fric. Les choses n'ont pas changé : elles ont empiré. Et c'est là qu'il y a une contradiction avec Comity puisque sans lui, on ne serait pas là, et on contribue aussi à la baisse de niveau et a l'oubli de ce que devrait être l'art, voilà, on est des réacs !
Chacun ramène ses riffs, puis on les modifie, mais l'idée de base y figure déjà et on voit ce que l'on va en faire et sous quel angle on va la construire à partir de là. C'est assez simple et plutôt naturel en fait, on se laisse aller sans contrainte sinon celle amenée par le riff lui-même.
Au prix que ça nous coûte, c'est plutôt pro, mais tout se fait quand même dans le bonne humeur, on se marre comme des bons cons, et puis ça empêche l'ambiance de peser parce qu'au bout de huit ou dix heures de répète le week-end, tu satures vraiment. Surtout qu'on ne fait pas vraiment du ska... Il faut contrebalancer quoi !
Ben ça dépend de nos humeurs et de l'ambiance en fait, mais c'est surtout une anti-rockstar attitude parce qu'il faut savoir que même a un tout petit niveau comme le nôtre il y a des tas de gars qui se la jouent et c'est assez risible à tous les niveaux. Et puis, on n'est pas très communicatifs sur scène, c'est vrai, on ne sait pas trop quoi dire aux gens à part merci, alors on a la tchatche, ça reflète plus le manque de confiance en soi qu'autre chose. C'est un peu ça le cynisme, non ?
Plein de bons moments Contrex, avant, pendant et après les concerts. Le meilleur qu'on ait donné, ce serait peut-être le dernier Dunois mais la deuxième fois qu'on a joués a la Rochelle, là c'était de la folie. On a étés mauvais mais les gens était fous dans leurs têtes : y avait des punks qui se roulaient par terre sur du verre, un mec qui s'accrochait aux jambes d'Alex en gueulant comme un taré et autres !!! Y avait aussi cette meuf qui a gueulé sans discontinuer pendant tout le concert, même entre les morceaux et d'autres trucs du genre. Perso, j'ai dû pouvoir tenir mon micro cinq minutes en une heure, c'était bien chaotique quoi ! Ce qui est marrant, c'est que le lendemain à Poitiers, on a officiellement donné le concert le plus pourri de Comity et on s'en excuse auprès des gens, j'espère qu'on reviendra et que ça se passera mieux.
On te remercie infiniment, on te souhaite bonne continuation et j'espère qu'on n'a pas fait trop fuir les gens avec les conneries racontées dans cette interview parce qu'en vrai, on est gentils. Et merci a celui qui lira cette phrase jusqu'au bout parce que si ça se trouve il a lu toute les réponses (et donc les questions) sans broncher mais que là il commence un peu a être saoulé par un humour aussi pourri et a se dire qu'on le prend un peu pour un con alors que c'est même pas vrai, et que c'est ça la vraie interactivité, il faut se le dire et en parlant d'interactivité j'ajouterait que d'ici un petit mois normalement on aura enfin un site qui ressemble a quelque chose le tout sur la même adresse et que vous pouvez toujours m'insulter sur comity@noos.fr même si j'espère que ça intéresse personne; voilà, merci, ce sera tout comme dernier mot.