Impure Wilhelmina


Alex : On fait les présentations ?

Michaël : Moi j’ai 29 ans, je suis en train de finir une thèse de Doctorat en physique. Pareil pour Thierry (Guitare, 27 ans). David (Batterie, 27 ans) poursuit le même genre d’activité, mais en mathématiques, tandis que Mathias (Basse, 28 ans) est libraire.

Comment s’est formé le groupe ?

On s’est formé en 1996. En fait, David est mon frère et c’est un ami d’enfance de Thierry. Notre bassiste de l’époque était le frère de Thierry. Il nous a quittés autour de 2000, et c’est à ce moment-là que Mathias nous est arrivé dans la gueule. Le fait que l’on sorte un peu de notre local est dû à notre longévité (7 ans déjà !) et parce qu’on a établi quelques contacts à gauche à droite (d’abord à Genève et en Suisse romande, et maintenant surtout en France). Mais bon cela dit, en 7 ans, certains groupes ont fait beaucoup beaucoup plus de chemin que nous, mais il faut dire qu’on a jamais cherché à sauter des étapes ou à forcer des portes ou quoi que ce soit de ce genre. C’est peut-être pour ça qu’on est encore pratiquement inconnu !!

D'où vient le nom du groupe "Impure Wilhelmina" ? Est-elle cette personne dont parle le titre Answer?

Wilhelmina est un prénom féminin germanique, pour le reste, chacun interprète cela comme il le veut, pareil pour les textes. «Answer» ne parle pas de Wilhelmina, bien que je comprenne que tu aies fait le rapprochement, puisque je parle aussi de musique dans ce texte. Par rapport à ce nom de groupe, j’ai remarqué au fil des ans que les gens avec qui j’ai des contacts l’orthographient de mieux en mieux. Un bond a même été franchi depuis la sortie de «I can’t believe I was born in July»; maintenant, pratiquement tout le monde (dont toi) utilise la bonne orthographe.

Je crois savoir que tu accordes beaucoup d’importance au texte des musiques que tu écoutes. Quels sont les groupes que tu préfères ?

J’ai toujours apprécié les textes sombres, désespérés et nihilistes. Je ne sais pas, par exemple Eyehategod, Bloodlet, Today is the day, ou encore Slipknot, Nine Inch Nails, The Cure, pfffff… Y’en a tellement ! Sinon, je ne rechigne pas un brin d’humour et des trucs plus décalés, ou parfois des textes plus épiques ou romantiques, il faut de tout !

Tes textes sont assez spéciaux, sombres. Pourquoi as-tu fait ce choix ?

Il n’y a rien de prémédité. Je ne sais jamais à l’avance de quoi je vais parler dans mes textes. Pour l’album, à part quelques passages, je les ai écrit 2-3 semaines avant d’entrer en studio, alors que la musique était en place depuis longtemps (…à part quelques passages). On peut donc pratiquement dire que tout a été écrit en un seul bloc. J’avais la volonté d’écrire sur un ton très très noir, mais c’était juste l’intention du moment, ça ne correspond pas vraiment à ma personnalité (le néant n’a pas de couleur ), mais putain le noir c’est tellement beau !

Quelles sont les émotions que tu souhaites faire passer à travers vos compositions ?

Un sentiment de plénitude, de réconfort. C’est ce que je ressens quand j’écoute de la bonne musique. Mais je me demande parfois si notre style, avec tous ces changements de cap, est adapté pour laisser grandir ce type d’émotion le long d’un morceau ou d’un album… à méditer…

Votre musique est très sombre, votre prestation scénique très forte. Êtes-vous satisfaits de ce que vous donnez à votre public ?

À Paris, on a joué très fort, mais c’est parce qu’on avait fait deux dates dans des bars juste avant, des lieux où tu as tendance à limiter les décibels. Donc on est arrivé dans ce squat et on s’est dit, c’est le moment d’envoyer la purée ! En fait, ce qu’on donne au public (et à nous-mêmes) est très variable d’un concert à l’autre, mais je crois que c’est vrai pour tous les groupes. Cependant, on a joué avec ISIS en avril, et je peux donc t’affirmer qu’on a encore du chemin à faire…

Pour le fanzine No Brain No Headache, tu expliques que certaines compositions peuvent rester longtemps sans textes. Est-ce que c’est dû à une difficulté d’extérioriser tes émotions ?

Oui, il y a de ça. C’est aussi dû au fait que j’ai du mal à improviser en anglais. Si les textes étaient en français, il serait vraisemblable d’imaginer que je me pointe à la répète et que je ponde un couplet en deux minutes par exemple. Et puis comme la plupart du temps je ne fais que brailler, de toute façon on ne comprend rien, donc la nécessité d’un texte ne s’impose qu’au moment de l’enregistrement.

Quels sont les groupes qui t’inspirent le plus ?

Ah là… Difficile question… Il me semble que nous n’avons jamais cherché à copier le son de tel ou tel groupe… De toute façon, ce genre de démarche est pratiquement toujours lié à la mode du moment, donc… de plus, je dois bien admettre que je n’ai pas vraiment une oreille «sonore», et j’écoute avec le même plaisir des groupes qui ont des «sons» très variés…Tant qu’il y a des notes…

Écoutez-vous des styles de musique qui sont aux antipodes du hardcore ?

Oui. Entre nous quatre, on doit ratisser sur tous les styles de musique, classique, blues, jazz, électro, etc. D’ailleurs, je me rends compte qu’en fait, on n’écoute pas tellement de hardcore, on n’a jamais été influencé par des trucs «old school» par exemple. Personnellement, j’ai toujours été dans le metal, sinon j’apprécie beaucoup le rock plus classique, la pop…

Est-ce qu’il y a une place pour les squats, les collectifs punks dans la société suisse ?

C’est comme partout, je pense ; un squat peut durer plusieurs mois voire plusieurs années, avec par exemple un lieu pour faire des concerts, et un jour la police débarque et met tout le monde dehors et c’est fini. Ces dernières années, on a vu à Genève une diminution du nombre de squats…C’est de moins en moins «toléré».

Est-ce que votre groupe est perçu de la même façon par le public Suisse et Français ?

Je n’en sais rien. Quand on joue en Suisse, je vois plein de têtes connues, ça veut dire que les gens se sont « habitués » à nous, il y a moins d’effet de surprise. Tandis que j’ai l’impression qu'en France avec le nouvel album plein de gens sont en train de nous découvrir…Mais un jour, ils seront lassés eux aussi !

Êtes-vous déconnectés lorsque vous jouez à un concert ? À quoi pensez-vous ?

Non, nous ne sommes pas vraiment déconnectés. On pense à la réaction du public. Si on le sent chaleureux, ça va, si on le sent un peu distant, c’est très dur… Et ça dépend aussi du morceau qu’on est en train de jouer ; certains sont très planants et on peut se laisser aller à fermer les yeux ou regarder les filles du premier rang, d’autres sont plus techniques et nerveux, et ça demande une bonne dose de concentration, et on est plus tendus…

Sur un site, j’ai lu : « Impure Wilhelmina (violence/malaise/beauté)». Est-ce que ces mots te semblent juste ?

Oui, ça, j’aime bien. Ça change du sempiternel «metal-hardcore sombre et mélancolique ». Ça rejoint en fait ta question sur nos influences extra-musicales, si quelqu’un arrive à décrire ce que l’on fait avec des mots non-musicaux, c’est comme faire ressortir du cadre musical ce que l’on avait initialement puisé ailleurs…

On parle beaucoup de vous, mais je n’ai trouvé qu’une interview (sur No brain no headache). Avez-vous d'autres interviews en cours ?

Oui, c’est la troisième de suite à laquelle je réponds. La première, c’était pour un nouveau fanzine de Poitiers qui s’appelle Elvice et versa, et dont le premier numéro sortira en septembre. La seconde, c’est pour la sympathique asso l’écho dans la plaine d’Amiens, ils nous ont fait jouer avec les Weeping Minds of Silence en juin, merci à eux. L’interview est en ligne sur echodanslaplaine.free.fr.

Avez-vous un dernier mot à dire ?

Euh...oui... On a recommencé à composer des nouveaux morceaux, et cet automne-hiver on va faire des dates en France avec Overmars, les dates seront bientôt sur notre site...